Mathon Cédric
Psychologue pour adulte |
Pour les psychologues, le trouble phobique se rattache aux troubles de l'anxiété. L'anxiété n’y est pas diffuse : elle se focalise de manière excessive et sans fondement réel sur une situation ou un objet en particulier. La personne phobique reconnaîtra par ailleurs le coté irrationnel de sa peur.
Le retentissement de la phobie sur la vie du patient est réel, celui-ci pouvant adopter des stratégies d'évitement tellement restrictives que le quotidien en sera grandement perturbé.
En psychologie, la peur est avant tout une émotion adaptative. Émotion de l'alerte, elle permet d'éviter le danger ou de mobiliser nos ressources pour nous y confronter. Le psychologue parlera de phobie lorsque cette peur devient dysfonctionnelle, envahissante. Comme dans beaucoup de troubles psychologiques, ça sera le caractère envahissant, le coté excessif de la peur qui doit amener à consulter un psychologue.
Les troubles phobiques sont assez rependus et l'on considère que 20% de la population en souffre de façon plus ou moins lourde et plus particulièrement les femmes. Dans la grande majorité des situations, la peur survient avant l'âge adulte et fait suite dans bien des cas à un épisode traumatique réel ou fantasmé.
Il n'est pas rare d'observer auprès de patients venant consulter un psychologue la présence de phobies dites simples. La peur panique est alors focalisée sur une situation ou un objet précis.
Cette crainte excessive peut être la conséquence de son vécu (peur des chiens suite à une attaque) ou encore le fruit d'un raisonnement jugé raisonnable (peur des accidents en avion). En tout état de cause, la personne souffrant de ce type de phobies adopte généralement des conduites d'évitement. La situation à risque étant très circonscrite, la vie du patient reste épargnée.
Il en va autrement des phobies sociales et de l'agoraphobie. Cette dernière phobie fait état d'une peur panique à se retrouver dans l'impossibilité de quitter des lieux intensément fréquentés. Les stratégies d'évitement amènent alors le patient à restreindre fortement ses activités extérieures. Il en va de même de la phobie sociale qui elle se caractérise par la crainte du regard de l'autre. Prise de parole ou simple fait de manger en-face d'un tiers peuvent alors devenir impossibles.
La prise en charge d'une personne souffrant d'une phobie est avant d'ordre psycho thérapeutique. Le patient devra alors choisir entre des thérapies analytiques (cf. psychanalyse) où le psychologue s'efforce de retrouver dans le parcours de vie l'élément déclencheur et sa symbolique associée, et les approches cognitives et comportementales (TCC).
Dans le cadre d'une TCC, le psychologue ne vise pas à la compréhension de l'origine du trouble. Le thérapeute accompagne le patient dans la déconstruction, la désensibilisation, des pensées et comportements phobiques. Très adaptées au traitement de la phobie, les TCC s'inscrivent par ailleurs dans le registre des thérapies brèves.
S'il n'existe pas de médicament contre la phobie, il pourra parfois être pertinent de recourir à la prescription d'un anxiolytique afin d'aider le patient à supporter une confrontation inévitable (obligation de se faire opérer, de passer un examen,...). Dans les phobies plus lourdes (phobie sociale), la prescription d'un antidépresseur peut aider le patient. En effet, si les phobies simples nées de l'enfance disparaissent généralement, la phobie sociale à tendance à envahir progressivement toutes les activités du patient au détriment de la vie sociale. Dépression et conduites addictives ont alors tendance à se développer.