Mathon Cédric
Psychologue pour adulte |
En psychologie, les troubles bipolaires se rattachent aux pathologies liées au trouble de l'humeur comme la dépression. Celle-ci est par ailleurs une des « polarités » du trouble bipolaire. Classiquement, la personne souffrant d'un trouble bipolaire alternera ces phases de dépression avec des épisodes caractérisées par une euphorie débordante. Les psychologues parlent alors souvent de Psychose Maniaco Depressive.
Il n'est pas anormal de connaître dans sa vie des périodes d'humeur exaltée ou, à l'inverse, d'humeur en berne. Ces mouvements d'humeur peuvent être liés à des causes externes propre à chacun (événements de vie, stress,...) mais aussi dus à des facteurs non personnels. Parmi ces derniers, le psychologue évoquera souvent l'influence de la luminosité et de la dépression hivernale qui lui est associée en hiver. Les troubles hormonaux peuvent également perturber l'humeur de manière très régulière (cycles menstruels).
De manière plus générale, un certain nombre de personnes est davantage affecté par ces variations cycliques de l'humeur. On parle alors de cyclothymie. Dans une certaine mesure, il s'agit d'une forme minorée du trouble bipolaire. La personne y vit également des alternances entre des phases de tristesse de de joie. Mais, à la différence du trouble bipolaire, cet état ne les empêche pas de conserver une vie sociale, sentimentale ou professionnelle satisfaisante.
C'est donc davantage l’intensité de l'humeur vécue et la durée des cycles qui vont permettre au psychologue de poser le diagnostic de trouble bipolaire.
Celui-ci alterne des phases longues d'humeurs excessives, tant dans la dépression (désespoir profond) que dans l'euphorie brouillonne. La vie du patient devient fortement contrainte par ces manifestations excessives d'humeur (phase maniaque), les troubles du comportement qui en résultent ne lui permettant pas de conserver un lien social satisfaisant.
La maladie bipolaire concerne moins de 1% de la population, le risque s’accroît fortement au sein de familles dont l'un des ascendants étaient déjà concernés. La survenue des premiers symptômes s'observe généralement au début de l'age adulte.
Comportements et attitudes sont très marqués dans la phase maniaque. Celle-ci est montre une activité débordante mais brouillonne. Très exaltée, la personne présente une confiance à bien des égards excessive voire dangereuse pour elle-même. Corollaire de ce sentiment de toute puissance, l'agressivité témoigne de l'incapacité à supporter toute frustration ou toute remise en question.
Sur le plan mental, la personne est généralement désinhibée et laisse libre court à ses pensées. Celles-ci fusent, sont débordantes. La personne passe d'une idée à l'autre, d'un projet (souvent absurde ou démesuré) à l'autre. L'agitation est également physique. Le sommeil diminue. Le look vestimentaire devient exubérant. De même que la sexualité qui peut vite devenir envahissante...
Si certains arrivent à tirer profit de ces périodes d'intense activité psychique, la grande majorité des personnes s'exposera à de réels dangers, l'impulsivité pouvant les amener à des projets désastreux (démission, divorce, achats compulsifs...) ou dangereux (délits).
La dépression apparaît d'autant plus déstabilisante au regard de l'humeur exaltée de la phase précédente. Comme un phénomène d'équilibrage, la profondeur de l'une sera à l'image de l’exaltation de l'autre. La dépression sévère s'installe alors pour une période généralement beaucoup plus importante que la phase précédente. On y retrouve alors tout le tableau classique du syndrome dépressif fait de fatigue, de dévalorisation, de ralentissement généralisé et d'idées noires.
La fréquence d'un cycle (phase dépressive + phase exaltée) et la durée sont très variables. Cette dernière peut ainsi durée quelques heures à quelques mois ! On parlera de cycle rapide quand plus de 4 cycles seront vécus par la personne sur l'année. Il existe différentes formes de troubles bipolaires. Ainsi, certains patients présenteront un trouble bipolaire davantage marqué par des phases dépressives (hypomanie) ou davantage marqué par des phases maniaques.
Pour le psychologue, le diagnostic du trouble bipolaire est souvent tardivement posé car masqué derrière son expression uniquement dépressive. Le rôle de l'entourage, mis à rude épreuve par ce trouble, sera à ce titre déterminant pour alerter éventuellement la sphère médical de l'ensemble des manifestations. Il faudra également écarter certaines pathologies « organiques » pouvant expliquer ces mêmes troubles de l'humeur, dont notamment les troubles de la thyroïdes.
Le traitement du trouble bipolaire est principalement d'ordre médicamenteux. La prescription d'un traitement de fond (généralement à vie...) permet de stabiliser, lisser l'humeur et ainsi de limiter et fréquence et l'ampleur des cycles.
Le traitement reposera en premier lieu sur la prescription d'un thymo-régulateur dont les plus connus sont les sels de lithium. En complément de ce traitement de fond pourra être associé un traitement visant à atténuer les effets des crises aiguës. Toutefois, la prescription d'un antidépresseur lors des phases de dépression est problématique au regard des risques de provoquer une phase maniaque. Dans les cas les plus prononcés, la sismothérapie peut également être envisagée. Souvent effrayante, cette approche thérapeutique est toutefois très efficace. Elle repose sur l'application au niveau des tempes de décharges brèves (moins d'une seconde) sous anesthésie générale. Le traitement demeure donc indolore.
L’arrêt du traitement médicamenteux reste possible même si dans la pratique il devra souvent être pris à vie. Comme tout arrêt, il devra faire l'objet d'une concertation avec son médecin ou psychologue et d'une très grande progressivité afin de s'assurer de la viabilité de l'équilibre.
Envisager une thérapie avec un psychologue peut être sur ce point pertinent. En effet, si la psychothérapie a peu d’intérêt sur le trouble en lui même, elle offre un cadre de compréhension et de soutien afin d'aider famille et patient à comprendre la pathologie et à suivre le traitement.
En l'absence de prise en charge, le trouble bipolaire tend à s'accentuer, tant dans la fréquence que dans l'intensité des cycles. Dans les formes extrêmes, il peut évoluer vers des symptômes psychotiques (hallucinations, délires,...). Les passages à l'acte suicidaire sont également à craindre (dans le quart des cas). Comme dans de nombreux troubles psychologiques, les conduites addictives de compensation sont souvent observées par les psychologues.